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Sénégal: violentes manifestations suite à la condamnation d’Ousmane Sonko: déjà plus de 20 morts

Suite à la condamnation de l’opposant Ousmane Sonko à deux ans de prison ferme, des affrontements entre forces de l’ordre et manifestants ont déjà fait neuf morts dans la seule journée de jeudi. Le bilan s’élèverait à plus d’une vingtaine de morts à ce jour.

Le Sénégal a été le théâtre d’une nouvelle crise violente déclenchée par un verdict judiciaire. Le jeudi 1er juin, des altercations ont éclaté entre les partisans de l’opposant politique Ousmane Sonko et les forces de l’ordre. Ces troubles ont coûté la vie à neuf personnes, survenant à la suite de la sentence de deux ans de prison prononcée contre Sonko, qui compte se présenter à l’élection présidentielle de 2024 et se montre être un détracteur résolu du président en exercice, Macky Sall.

Des incidents entre les forces de sécurité et les manifestants ont éclaté au Sénégal, principalement à Dakar, la capitale, et à Ziguinchor, dans la partie sud du pays. Le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome, a confirmé la mort de neuf personnes lors de ces affrontements. Le jour des troubles, des groupes de jeunes ont notamment affronté les forces de l’ordre sur le campus de l’Université de Dakar, qui s’est transformé en champ de bataille.

Plusieurs bus affiliés à la faculté de médecine, au département d’histoire et à la principale école de journalisme du pays ont été incendiés et des bureaux ont été vandalisés. En réponse à ces actes, le Syndicat Autonome de l’Enseignement Supérieur (SAES) a exprimé sa condamnation « vigoureuse » des actes de vandalisme à l’université et a exhorté le gouvernement à « assumer pleinement son rôle de garant des libertés individuelles et collectives », selon l’Agence de Presse Sénégalaise (APS).

Des violences suites à la condamnation du principal opposant de Macky Sall

Plusieurs routes du pays ont été fermées et certains services de transport public ont été interrompus, d’après RFI. Suite à l’observation de « débordements » et de la diffusion de « messages incitant à la haine et à la subversion », les autorités ont lancé un appel à la retenue et ont limité l’accès aux réseaux sociaux dans le pays.

Les événements sanglants de jeudi ont été déclenchés par la sentence de deux ans de détention imposée à l’opposant politique Ousmane Sonko, 48 ans, qui aspire à concourir lors de l’élection présidentielle de 2024. Ce critique virulent du président Macky Sall, qui avait terminé troisième lors de l’élection de 2019, a été reconnu coupable de « corruption de la jeunesse », un délit qui implique l’incitation à la « dépravation » d’un individu de moins de 21 ans.

Sonko a été accusé de viols et menaces de mort sur Adji Sarr, une employée d’un institut de beauté où il se faisait masser entre 2020 et 2021. Cependant, il a été acquitté de ces deux accusations par la chambre criminelle du tribunal de Dakar, comme le précise l’APS.

« Ma cliente et moi-même ne sommes pas pleinement satisfaits, elle aurait souhaité que Sonko soit condamné puisque le contact sexuel n’a pas été dénié », a répondu l’avocat de la jeune femme, Me El Hadji Diouf, selon le quotidien sénégalais Le Quotidien.

Sonko, qui se décrit comme étant « en résidence surveillée », a appelé à manifester

Après cette sentence prononcée jeudi, le bureau national de Pastef, le parti de Sonko, a dénoncé un « complot fomenté par Macky Sall et ses complices » et a incité « le peuple sénégalais » à « descendre dans la rue », tout en demandant à « la police et à l’armée de se ranger de son côté ».

Dans la nuit de lundi à mardi, Sonko, qui n’était pas présent à son procès, a brisé son silence. Il se décrit comme étant « en résidence surveillée » et a incité ses compatriotes à protester « en grand nombre ». Sonko serait confiné chez lui à Dakar par les forces de sécurité depuis dimanche. Selon le ministre de la Justice, Ismaïla Madior Fall, il pourrait maintenant être arrêté « à tout instant ».

Une inéligibilité à seulement neuf mois de l’élection présidentielle

Le résultat de ce procès a une importance politique considérable car la condamnation de Sonko pourrait entraîner son inéligibilité, l’empêchant ainsi de concourir lors de la prochaine élection présidentielle, prévue le 25 février 2024. Sa capacité à se présenter a déjà été menacée par une condamnation récente à six mois de prison avec sursis pour diffamation à l’encontre d’un ministre.

« Tous les Sénégalais doivent le savoir : Ousmane Sonko ne peut plus être candidat », a déclaré l’un de ses avocats, Me Bamba Cissé. Si cette inéligibilité est confirmée, cela pourrait ouvrir la voie à un troisième mandat contesté de Macky Sall. Avant lui, deux autres adversaires du président en poste, Khalifa Sall (sans lien de parenté), condamné pour détournement de fonds publics, et Karim Wade, condamné pour enrichissement illicite, ont vu leur parcours politique entravé par des affaires judiciaires ces dernières années.

Déjà des épisodes mortels au Sénégal en 2021

Depuis février 2021, date à laquelle l’affaire a commencé, la plupart des comparutions d’Ousmane Sonko devant le tribunal ont conduit à des incidents et des affrontements. En mars 2021, son arrestation alors qu’il se rendait au tribunal en cortège a provoqué les émeutes les plus graves depuis des années. Quatorze personnes ont été tuées, dont douze par des tirs des forces de défense et de sécurité, selon le bilan établi par plusieurs ONG, dont Amnesty International.

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