Belgique: Des policiers prévoient sur Facebook de ne plus verbaliser du 1er au 15 novembre
Des policiers de tout le pays prévoient de ne plus dresser de procès-verbaux en cas d’infractions de roulage du 1er au 15 novembre prochains. L’action, organisée sur le groupe Facebook secret «Police Unifying Movement» sans l’aval des syndicats, devrait être suivie par au moins un millier de policiers, a indiqué mercredi à Belga l’un des membres du groupe, qui réunit d’après lui 21.965 personnes à ce jour. «A peine 100 personnes alimentent ce groupe Facebook», nuance une source syndicale, qui parle de revendications irréalistes.
«On a décidé d’organiser cette action mardi, et un bon millier de policiers ont déjà marqué leur accord», selon Pascal Rombaux, inspecteur principal de police à Charleroi et membre actif du groupe Facebook.
«C’est une initiative prise par des membres du groupe mais pas par ses administrateurs», a précisé l’un de ceux-ci, Steven Vanhacht.
Du 1er au 15 novembre, les fonctionnaires de police participants ne rédigeront plus de procès-verbaux de roulage et ne solliciteront donc plus de perception immédiate d’amendes. Les automobilistes pris en infraction seront «éduqués à la bonne conduite et au respect des règles de circulation», a toutefois souligné M. Rombaux.
«L’idée est de couper les vivres à l’Etat. Puisqu’il ne veut pas nous écouter», a justifié le policier carolorégien. «Nous demandons de revenir à notre statut de 2001 (lorsque les forces de l’ordre ont été rassemblées en une police intégrée, NDLR).»
Le mouvement non centralisé revendique, pêle-mêle, le rétablissement de tous les acquis sociaux «détricotés» ces dernières années, notamment en matière de pension et de jours de maladie, une révision à la hausse des barèmes salariaux, un statut unique pour toutes les forces de l’ordre et des «peines maximales» pour les auteurs de violences contre les policiers. Il a interpellé le ministre de l’Intérieur Jan Jambon et transmis une lettre ouverte aux parlementaires.
«Les policiers ont la responsabilité d’agir face à une infraction. Il y a des règles à respecter», a réagi une porte-parole de la police fédérale après l’annonce de l’action, sans s’avancer sur d’éventuelles sanctions.
Les membres du groupe Facebook prévoient également plusieurs rassemblements dont l’un le 15 novembre à 11h00 sur la Grand-Place de Bruxelles, afin de «fêter le Roi en grande contestation du gouvernement Michel». Mais des négociations sont en cours avec la police de la zone Bruxelles-capitale Ixelles pour trouver un lieu plus approprié, ont fait savoir les porte-parole du bourgmestre Philippe Close et de la police locale.
Une rencontre sera organisée avec le chef de corps et Philippe Close, a ajouté la porte-parole de ce dernier.
Lancé mi-octobre par deux policiers de la police judiciaire fédérale de Liège, Steven Vanhacht et Manu Vervier, le groupe «Police Unifying Movement» entend réunir les fonctionnaires de police au-delà des chapelles syndicales, accusées de trop diluer les revendications policières dans celles concernant l’ensemble des travailleurs du service public.
«Mais mon désir est de rassembler tous les syndicats représentatifs, pas de me passer d’eux», assure Steven Vanhacht.
Le mouvement s’est rapidement étendu, suscitant la méfiance des syndicats qui craignent d’être dépassés par leur base.
«Il y a de bonnes idées dans ce groupe mais on y lit aussi beaucoup de bêtises. Ca part dans tous les sens», relève Thierry Belin, secrétaire fédéral du SNPS, qui est au courant de l’action qui se profile mais préfère «rester à distance». Tout comme la CSC, il a cependant accepté la demande des administrateurs que des membres du groupe également affiliés au syndicat assistent comme observateurs aux prochaines négociations avec le gouvernement fédéral.
Une autre source syndicale nuance le succès du groupe. «Chaque adhérent y a introduit tous ses contacts. La plupart des membres n’y sont pas actifs. Le noyau est limité à 500 personnes, dont à peine 100 alimentent les discussions. Seules 54 personnes ont indiqué qu’elles participeraient au rassemblement du 15 novembre à Bruxelles», a rapporté cette source.
«Plusieurs rassemblements sont prévus et 187.000 échanges ont été enregistrés à ce jour, ce qui fait bien plus que 100 personnes», lui a répondu via Belga Steven Vanhacht.