« Gilets jaunes » : le « boxeur » de gendarmes en garde à vue après s’être rendu
La « cavale » du boxeur de la passerelle Léopold-Sédar-Senghor a pris fin, lundi 7 janvier, deux jours après sa spectaculaire irruption sur les écrans de télévision qui retransmettaient la mobilisation des « gilets jaunes » de samedi. L’ex-boxeur professionnel Christophe Dettinger s’est présenté à la police dans la matinée et a été placé en garde à vue, a fait savoir le ministre de l’intérieur, Christophe Castaner.
« L’individu qui a violemment attaqué samedi des gendarmes mobiles sur la passerelle Senghor s’est présenté aux enquêteurs de la sûreté territoriale de Paris. Il a été immédiatement placé en garde à vue et devra répondre de ses actes devant la justice », a déclaré le ministre. « Il s’est présenté à la sûreté territoriale, à Paris, avec son avocat,précise une source policière à France 2. Une perquisition a été menée à son domicile. »
Les images de deux gendarmes violemment pris à partie par cet homme, samedi 5 janvier, ont marqué l’« acte VIII » de la manifestation des « gilets jaunes ». Sur des vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, l’un d’eux est à terre, molesté par un homme portant un manteau et un bonnet noir. Dans une autre vidéo, on voit un homme également habillé en noir attaquer un gendarme derrière son bouclier. Le premier gendarme s’est vu prescrire quinze jours d’incapacité totale de travail (ITT), le second deux jours.
Sur une photographie diffusée sur Twitter, le Syndicat des commissaires de la police nationale (SCPN) avait annoncé samedi avoir identifié l’agresseur. Christophe Castaner, le ministre de l’intérieur, l’avait retweetée. Mais aucun ne donnait jusqu’ici le nom de Christophe Dettinger. Le ministre de l’intérieur a annoncé que la préfecture de police avait saisi le procureur de la République.
« Oui, j’ai mal réagi, mais je me suis défendu »
Dans une vidéo, diffusée lundi, Christophe Dettinger s’est expliqué :
« J’ai voulu avancer sur les CRS, je me suis fait gazer (…). A un moment, la colère est montée en moi, et oui, j’ai mal réagi. Oui, j’ai mal réagi, mais je me suis défendu, et voilà. (…) Peuple français, “gilets jaunes”, je suis de tout cœur avec vous, il faut continuer pacifiquement mais continuer le combat, s’il vous plaît. »
Samedi, les enquêteurs venus interpeller Christophe Dettinger ne l’avaient pas trouvé à son domicile. « Il n’a pas couché à son domicile de Brétigny-sur-Orge [Essonne] », confirme un de ses proches à L’Equipe. « Il cherche à contacter un avocat, afin de se présenter aux autorités. Bien que son père appartienne à la communauté des gens du voyage [d’où son surnom, « Gitan de Massy »], il a toujours été sédentarisé. Si Christophe était à la manifestation, c’est parce qu’il est comme tout le monde, qu’il en a marre, que les fins de mois sont difficiles. »
Selon l’article 222-12, alinéa 4 du code pénal, il risque une peine maximale de cinq ans de prison et de 75 000 euros d’amende.
Christophe Dettinger, connu sous le nom du « Gitan de Massy », aujourd’hui âgé de 37 ans, s’est fait connaître sur les rings de boxe. Il a débuté sa carrière à Massy (Essonne) et a été sacré champion de France des poids lourds-légers (90 kg) entre octobre 2007 et mai 2008.
En 2012, il rejoint le club de boxe de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), où il est entraîné par Laurent Boucher-Coniquet. En avril 2013, il est challenger pour le titre de champion de France face à Jérémy Ouanna. En décembre 2013, il est battu par arrêt de l’arbitre. Après vingt-trois combats dont dix-huit victoires, quatre défaites et un nul, il met fin à sa carrière en 2013.
Selon le Parisien, il travaillait à la maintenance des équipements sportifs de Massy. Il est « en couple, a trois enfants, un crédit en cours sur une maison et un emploi stable de fonctionnaire territorial, dans l’Essonne », note France Inter.