CHOC GILETS JAUNES – SCÈNES DE VIOLENCES SUR LES CHAMPS ELYSÉES
Il y a eu 35 interpellations sur tout le territoire, dont 18 à Paris. Vingt-deux personnes ont été placées en garde-à-vue, selon le ministère. Huit personnes ont été blessées -dont deux gendarmes-, alors qu'il y avait eu "106 blessés samedi dernier à la même heure", selon la même source.
Les forces de l'ordre ont tiré des gaz lacrymogènes et utilisé un camion lanceur d'eau pour éloigner des "gilets jaunes" qui tentaient de forcer un barrage installé au rond-point des Champs-Elysées à Paris, a constaté une journaliste de l'AFP.
Des "gilets jaunes" ont notamment été vus en train de desceller des pavés ou des mettre à terre des barrières de chantier.
Mais "aucun manifestant n'est dans la zone interdite par arrêté", incluant notamment les abords de l'Élysée, la partie basse des Champs-Elysées et la place de la Concorde, assurait la Préfecture de police.
Certains "gilets jaunes" dénonçaient les violences, comme Christophe, 49 ans, venu de l'Isère avec sa femme, en train de rejoindre une rue adjacente des Champs-Elysées pour éviter les gaz lacrymogènes.
"On vient juste manifester pacifiquement et on se fait gazer. On voit comment on est reçu à Paris", peste-t-il en s'éloignant.
Le Pen et le gouvernement s'accusent mutuellement
La dirigeante d'extrême droite Marine Le Pen et le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner se sont mutuellement accusés d'être responsables des violences qui ont marqué à Paris la manifestation des "gilets jaunes".
Marine Le Pen a accusé le gouvernement "d'organiser les tensions" après des heurts sur les Champs-Elysées entre les forces de l'ordre et des "gilets jaunes", assurant n'avoir "jamais appelé à quelque violence que ce soit".
Elle répondait au ministre qui lui avait reproché, quelques minutes auparavant, d'avoir appelé à manifester sur la célèbre artère parisienne.
"J'ai interrogé le gouvernement vendredi pour connaître les raisons pour lesquelles les gilets jaunes ne pourraient pas manifester sur les Champs-Elysées. Je n'ai évidemment jamais appelé à quelque violence que ce soit", a dit sur LCI la présidente du Rassemblement national (RN, ex FN).
"Depuis le début de ce mouvement, on a le sentiment que le gouvernement organise la tension et quand le gouvernement a cette volonté, il y arrive", a ajouté la finaliste de la présidentielle 2017.
Le ministre a, lui, pointé "une mobilisation de l'ultradroite" parmi les manifestants présents sur la célèbre avenue, où les forces de l'ordre ont, selon lui, dû "repousser les séditieux" qui "ont répondu à l'appel notamment de Marine Le Pen (à défiler sur les Champs-Elysées, ndlr) et veulent s'en prendre aux institutions comme ils veulent s'en prendre aux parlementaires de la majorité".
"Sur Paris on voit une évolution, à l'appel de Marine Le Pen, qui avait invité les manifestants à venir sur les Champs-Elysées", a-t-il dit.
La veille, Marine Le Pen s'était étonnée qu'on n'autorise pas les "gilets jaunes" à défiler sur les Champs-Elysées, après l'interdiction d'un rassemblement place de la Concorde. "Qu'est-ce qui justifie que le peuple français ne puisse pas manifester sur les Champs-Élysées, où beaucoup d'autres rassemblements (Coupe du Monde, Nouvel An...) ont lieu ?", avait-elle lancé sur Twitter.
"M. Castaner se comporte de manière tout à fait indigne", a répondu Mme Le Pen. "Il est là dans la posture du petit politicien qui cherche à tirer un bénéfice de ce qui se passe".
"Pourquoi a-t-il laissé les gilets jaunes manifester sur les Champs-Elysées pour, après, les en déloger avec des moyens qui ne peuvent que susciter des tensions ?", a demandé la dirigeante d'extrême droite, qui soutient les "gilets jaunes" mais n'a pas personnellement manifesté.
Sur BFMTV, elle a accusé le ministre de faire d'elle un "bouc émissaire", "peut-être pour détourner l'attention (...) du refus du gouvernement de répondre à des préoccupations qui sont essentielles, qui sont des préoccupations de souffrance de la part du peuple français qui n'arrive plus à faire face à la politique qui est menée par Emmanuel Macron", a-t-elle déclaré.
A l'extrême gauche, le chef de la France insoumise Jean-Luc Mélenchon a également critiqué le ministre de l'Intérieur. "#Castaner voudrait que la manifestation des #GiletsJaunes soit d'extrême droite et peu nombreuse. La vérité est que c'est la manifestation massive du peuple. Et ça, c'est la fin pour Castaner", a-t-il jugé.
"Castaner est un irresponsable ! Il invente et en rajoute contre un +péril jaune fluo+ d'extrême droite pour seulement insulter le peuple en colère. Les vrais séditieux sont au gouvernement", a renchéri le député LFI de Seine-Saint-Denis Alexis Corbière.